Grâce à mon camarade voyageur Louis-Mathieu, je vous offre un extrait de ce film dont je vous avais dit du bien à l'époque... Good Night, and Good Luck...
Un extrait se passant de commentaires :
« Ce
discours risque de déplaire à certains et, lorsque j'en aurai terminé,
ils pourront accuser ce journaliste de crâcher dans la soupe qui le
nourrit quotidiennement. Et ils pourront aussi accuser votre
association d'avoir en son sein un être qui véhicule des idées
hérétiques, et même dangereuses, mais la solide structure des chaînes,
des agences de publicité et des sponsors n'en sera pas le moins du
monde altérée.
C'est par choix, et non par devoir, que j'ai décidé de m'entretenir avec vos journalistes à propos de la radio et de
la télévision et, quoi que je puisse vous dire, j'en assume seul l'entière responsabilité.
Notre Histoire est telle que nous la faisons et, s'il se trouve des
historiens dans cinquante ou cent ans pour visionner une semaine
d'enregistrement de nos émissions sur nos trois réseaux, ils verront
des images en noir et blanc, et aussi en couleurs, qui seront la preuve
de la décadence et de la fuite totale face aux réalités du monde où
nous vivons. Nous sommes en effet riches, imposants, bien tranquilles
et complaisants. Nous sommes totalement allergiques aux informations
qui nous dérangent et nos médias reflètent cet état de fait. Mais, à
moins de nous réveiller et et de reconnaître que la télévision, dans sa
globalité, n'est utilisée que pour distraîre, divertir, amuser et
isoler les gens, alors cette télévision, ceux qui la financent, ceux
qui la regardent et ceux qui y travaillent, risquent de réagir un peu
trop tard.
J'ai commencé ce discours en disant
que notre Histoire sera telle que nous la faisons. Si nous continuons
ainsi, alors l'Histoire se vengera et le châtiment sera à la hauteur du
mal que nous avons fait. Pendant un instant, portons aux nues tout ce
qui concerne les idées et l'information. Faisons un rêve et imaginons
que certains dimanches soirs, à l'heure où normalement M. . . sévit,
nous avons une émission sur l'état de l'éducation en Amérique et que,
une semaine plus tard, à l'heure où sévit M. . ., nous avons un
reportage sur la politique américaine au Moyen-Orient. Croyez-vous que
cela serait préjudiciable à l'image de nos respectables sponsors ?
Croyez-vous que nos chers actionnaires pourraient sombrer dans une
forte colère ? Arriverait-il malheur à plusieurs millions de
téléspectateurs qui auraient été éclairés quelque peu sur des sujets
qui pourraient déterminer l'avenir de notre pays et par là-même,
l'avenir de nos entreprises ?
A ceux qui disent que les
américains ne regarderont pas car ils sont bien trop complaisants,
indifférents et individualistes, à ceux-là je répondrais : il existe,
et c'est le journaliste qui parle, de nombreuses preuves du contraire,
et c'est rassurant. Mais si c'était vrai, qu'ont donc à perdre ces
personnes ? Parce que, s'ils disent vrai, et que la télévision ne sert
qu'à divertir, distraîre, amuser et isoler les gens, alors notre but
est loin d'être atteind et nous devons reconnaître que la bataille est
perdue.
Cet instrument peut enseigner, il peut
nous éclairer et être source d'inspiration. Mais il n'a le pouvoir de
faire tout cela que si nous sommes déterminés à nous en servir dans
cette finalité. Autrement il ne s'agit que de cables et de lumière dans
une boîte. Bonne nuit, et bonne chance. » Edward R. Murrow. Good Night, and
Good Luck, un film de George Clooney.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.